Okugake Shômudo-an 2011 Japon

 

Shômudô-an Honzan Shûgen-shû

 Omine-zan Okugake Nihon 2011

 

copyright Kûban Guintard

Thanks to Venantius, Christophe, Eugenia, Kanzaki, Keitaro & Fujimoto for their picture copyrighted

 

 

Departure from France the 11th for Bruno, Christophe & Kûban...

Alex & Claire from USA, Venantius Pinto from India, Eugenia from Rio de Jainero was in Japan since fews days...

 

12 july : arrival at Osaka Kanku airport 9 am , Kyoto minshuku 12:00; shugendo shopping, handcraft center, meeting with Cristophe, Bruno & Eugenia...

14:00 meeting with Gomonshu Miyagi at Shogoin temple.

 

 

 

 

13 july: morning, shugen shopping  at "Hayashi hoiten" & Teramachi, meeting with Venantius, Alex & Claire

 

 

 

  

Kûban went to Osaka for a meeting  & diner with Soke Tanaka of  Kôden kenjutsu Enshin ryû

 

 

 

 

 

14 july Meeting at SHOGOIN temple for the 7 "Knight of Wisdom"

3: 00 pm Hashiramoto-goma / fire ceremony inside Shogoin temple

Inside Shugendo, fire ritual is the most secret ceremony. It's done to break any obstacles during the pilgrimage and this time for the benefit of thousands souls to earthquake & tsunami of Kanto-Tohoukou. Kûban performed it with 3 other Shogoin temple monks to help. All Shomudo-an pilgrimers was present  for chanting sutra and mantra...

The purpose of our journey in Japan was to perform pilgrimage inside mounts Omine.

 

1) VIDEO GOMA

 

  2) DIAPORAMA SHOGOIN VISIT

 

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

https://plus.google.com/photos/103802938005948231007/albums/5667172097181495105?authkey=CIa8h6rCtcOtaQ

 

 

 

 

15 july : 9 am “BIG LUGGAGE” staying at Shogoin temple

From Kyoto to Yoshino,  at Muda bridge doing Suigyo inside Yoshino river after prayers...

staying Kizoin temple in night.

All Shomudo-an group inside Shogoin temple

(from left to right, down to up: Bruno, Alex, Claire, Venantius, Christophe, Eugénia & Kûban.

Most of them, Eugenia, Venantius, Christophe & Kuban can speak japanese; Claire who is french living  in States since more than ten years was able to translate to Alex;  no problem for a direct understanding between Gomonshu and them for the explanation of the rules, not as in 2007...

 

 

16 july: Stay Yoshino at KIZOIN temple with Nakai Sensei : Sleeping KIZOIN temple, study yama-gongyo & Horagai; go to Katte jinja, meeting with 2 Canadian journalist for a radio report.

 

 

17 july -18 -19 july: go to Dorogawa, Suiren-kan minshuku, Akkai-san Meeting with the suiboku painter Okuto kun, meeting with Okada sensei of Ryusenji temple.

Go to participate and see the outside bound fire ceremony (saito dai goma) at Tenkawa shinto shrine. Master of ceremony was Sensei Nakai.

  

 

Doing takigyo at Ryusenji temple inside typhoon before 3pm

Go to pray at Nyonin gate, to Enno Gyoja 's mother temple, to Toro cave.

Doing several times per day takigyo, doing sanscrit letter calligraphy training....

 

20 july: MEN go to mount Sanjo (uragyoba)

stay SANJO kizoin shyukubo

2 women wanted to go INAMURA-dake but big Typhoon, they must stay at Dorogawa. 

Suireikan guest house bring them to Wasamata lodge house

 

 

21 july: go from mount Sanjo to Wasamata lodge house (see Sho cave)

stay Wasamata lodge house

 

 

22 july: from Wasamata to MIESEN

Stay Miesen shyukubo

 

23 july: go from Miesen to ZENKI / Gyoja gaeri tunnel back to Yoshino by taxi

(Stay Zenki Onakabo shukubo / stay Kizoin temple)

24 july: go from Gojo city by bus to Nachi mount, 5 hours by bus

Seigandoji temple, Minshuku Mietakisan

25 july : NACHI Seigandoji temple, Saint Jitsukaga's grave, Narchi waterfall, stay at Mietakisan minshuku

 

26 july: back to KYOTO Shogoin Via Osaka Kintetsu

 

27 july : Kyoto Shogoin temple

SAMBO SHIKKI / Tokudo ceremony 3:00 pm

By Gomonshu Miyagi & Shogoin office Director, Rev. Nakamura

 

Eugenia became SEIGEN / SHÔGEN, Christophe became KENKAKU, Bruno became KENNIN, Alex became KENBAN & Claire became KENNA

 

 

28 july : Go to Koya san, HENSONJI temple meeting with MEGURO sensei

 

29 july: Back to Kyoto from Osaka

 

 

30 july: GO BACK to Kansai International airport

 

 

 

OMINE-ZAN NANA-JUGO-NABIKI-NO-GYOBA

(Les monts sacrés de l'Ominé & les 75 stations)

Perhaps later it would be translate in english...But if you want know what is writing, please use google translator...

 

(Omine zan genjutsu no sekkai yokoso / Welcome inside the magic world of mounts Omine)

La première fois, l’ascète En-no-Gyoja n’a pas commencé le trajet de l’Ominé par le village de Yoshino au nord, mais par la ville de Kumano au sud. Le trajet nord-sud est beaucoup moins dure que le chemin sud nord même si le sentier est le même, car il descend légèrement! L’orientation des montagnes est différente. Dans le sens sud nord, le miné-iri suit « l’itinéraire correcte » (Jumbu Shugyo ou l’on pratique pour l’obtention du satori, jokyu-bodai) alors que dans l’autre sens il est appelé Gyakubushugyo (itinéraire inverse); c’est le Géka-shujo, l’itinéraire pour aider les fidèles. Toutes les écoles (exceptées celle du temple Kizoin du Rév. Nakai qui fait quelques fois le Nyubu-shugyo) font tous à présent, l’itinéraire" plus doux" (soi-disant) qui va de Yoshino en Kumano, du nord vers le sud...et c'est pour cela que nous verrons l'itinéraire du N°75 au nord jusqu'au N°1 au sud... Les poèmes (haiku) laissés par les maîtres passés du Shugendô sont de véritables enseignements qui transmettent le sens caché d’une partie de la doctrine secrète, c’est pourquoi il m’a semblé important d’entre mettre certains en caractères romanisés et d’en proposer une traduction qui n’est certes pas parfaite. Ce n’est pas le but principal de cet ouvrage qui ne traite pas de poésie japonaise. Mais le sens du texte sera du moins intelligible dans le message spirituel caché qu'il contient. C’est pourquoi, je vous en offre d’autres sur l’Ominé. Lorsque nous faisons le pèlerinage, parfois à chaque halte, les maîtres nous en lisent quelques uns, pour nous transmettre la façon de percevoir des yamabushi. J’ai voulu présenter ce pèlerinage à l'intérieur du corps de bouddha en faisant de même ! Ce chemin, long de 170 kilomètres, que les pèlerins parcourent en totalité durant dix jours mais que les moines ascètes font en trois jours, est depuis 2004, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, avec la ville bouddhiste de Koya san et le chemin reliant les villes d’Isé à Kumano (Kumano kôdô).

C’est un chemin qui se trouve au sein, d’un parc naturel régional inchangé depuis plus de mille ans…

 

 

JOURNEES 15 &16

Départ du Temple Shogoin en train Kintetsu jusqu'à Yoshino,

 

75) YANAGI-NO-YADO (la hutte du saule)

De la petite gare du hameau de Muda sur la ligne de chemin de fer régionale pour se rendre au village de Yoshino, passer la le pont qui enjambe la rivière de Yoshino, à l’endroit appelé Miyoshi-no-Bashi (le pont de Miyoshi). A trois cents mètres environ, de l’autre coté du pont, côté montagne, se trouve une petite hutte pour allumer l’encens (hoko-ra) dans laquelle est enchâssée une stèle représentant l'ascète En-no-gyoja. On récite les prières (faire kuyo), puis on descend sur le bord de la rivière se changer pour faire les ablutions dans la rivière de Yoshino (mizugyo) avant d’entrer dans la montagne. L’endroit est nommé "traverser à l’endroit du saule" (yanagi-watashi). En 895, l’empereur Uda demanda au moine Shôbô (le maître Rigen) de d’ouvrir à nouveau le chemin dans les monts de l’Ominé. Ce dernier mit à demeure six bateleurs qui aidèrent à faire franchir la rivière, car en ce temps-là il n'y avait pas de pont pour franchir la rivière.

 

 

 

Poème japonais :

« Chichi haha nora dekisétaru Kara-goromo ima nugi-sutsuru Yoshino-gawa kami »

(A présent, j’enlève mes vêtements donnés par père et mère, pour me tremper dans la rivière sainte de Yoshino)

Se débarrasser de ses affaires, c’est pouvoir se démettre de l’attachement filial. Et grâce à ce corps, véritables vêtements (chair et os) donnés par les parents, je commence à me tremper ici (comme on trempe la lame du sabre que l’on forge) pour atteindre le satori. Les monts Ominé (souvent pris pour le mont Sanjo, véritable lieu d’apparition de Zao-Gongen dans le massif montagneux de l’Ominé) sont Ichijobodai-san, le Corps Unique du bouddha. Entrer dans cette montagne c’est devenir "un enfant du bouddha" pour pouvoir comparaître devant le bouddha. On se lave ici des souillures (bonno) contractées dans la vie de tous les jours. Yoshino est la limite entre le monde des vivants et le "monde des défunts et des morts", début de la montagne et séparation en trois bras de la rivière Yoshino, pareille à la rivière Sanzo-no-kawa qui sépare le monde des vivants de celui des morts dans la mythologie nippone. Passer la rivière Yoshino, c’est mourir pour renaître ensuite dans l’univers du Bouddha. Gishisasei’est une expression qui chez les fermiers rappelle que l’eau est vitale; qu’elle vient de la montagne, lieu de résidence du dieu de l’eau Mikumari-no-kami. Les ascètes, souhaitant retourner dans la matrice du Bouddha, purifient ici leur karma pour atteindre l’état de Bouddha dans cette vie (shokushin-jobutsu). Un poème (haiku) de Saito Sensei (qui fût mon premier maître pour l’art de souffler dans la conque de l'école Tôzan shugen du temple Nyonindo) dit ceci :

« Tara chié néno oyani nora ishikawa goromo ima nugisutéru Yoshino-gawa kami

mina kamiwa tomoéni otsuru takino mizu Yoshino no mi Kumano Isé no Miyagawa »

(la source divine est une, puis devient trois et tombe en cascades. Pour les rivières de Kumano, d'Isé et de Yoshino, ces trois rivières ont une source unique). Ceci est une allégorie quant aux différente écoles du bouddhisme ésotérique dont l'origine est la même pour toutes...

 

 

 Suigyo/purification insideYoshino river

Shomudo hermitage group 2011

 

 

73) YOSHINO-ZAN (le mont de Yoshino)

Sur les 5 temples protecteurs au mont Sanjo (Goju-in), quatre sont présent à Yoshino et le cinquième aux pieds du mont Sanjo à l’ouest, dans le village de Dorogawa. Ces temples sont le Kizo-in affilié à l’école Honzan, le Tonan-in affilié au Kimpusen-Zaodo, le Sakuramotobô, le Chikuri-in sont d'obédience Shingon et le Ryusenji à Dorogawa est affilié à l'école Tôzan. Le portique dont le tour des piliers doit être parcouru comme épreuve pour purifier les néophytes avant d’arriver à la grande chapelle en bois, Zao-do, porte le nom de Kané-no-tori ou Ishi-no-tori. C’est l’empereur Shomu qui le fit construire avec le restant de cuivre destiné à fabriquer le grand bouddha du temple Tôdaiji à Nara. Chaque pied de cet immense portique (qui se trouve à gauche en montant, après l’arrivée de la station du téléphérique) fait 3,33 mètres de circonférence et 7,57 mètres de haut.

Poème du temple Shogoin que l'on récite en tournant autour la main droite posée sur le portique.. :

«Yoshino naru kané no tori ni té o kakété Amida no jodoni iruzo uréshi »

(A Yoshino le portique de la cloche, poser sa main dessus, c’est rentrer dans le paradis d’Amida et goûter l’allégresse)

 

 

 

Prayers inside Zao chapel

 

 

 

Photograph KEITARO http://www.hounoya.or.jp

 

Poème du maître Saito

« Yoshino naru kané no tori ni té okakété, Aji hondai michi ni airikéru »

(A Yoshino poser sa main sur le portique de la cloche, c’est retourner sur le chemin adamantin de la lettre A)

Sen ou Zan sont deux prononciations différentes d’un même idéogramme qui signifie montagne. Les idéogrammes japonais ont souvent plusieurs lectures

Sen est la prononciation chinoise de l’idéogramme qui se lit Yama en Japonais courant… Tout ceci pour le monastère du Kimpuzanji qui se prononce aussi Kinbusenji; ou bien Ryusenji (le temple de la montagne aux dragons) et non pas Tatsu–zan déra qui est une lecture incorrecte comme l'énnonce Liacono dans son ouvrage "Yamabushi & ninjas".

Le Zao-do (l’immense chapelle en bois) est classée "Trésor national". C’est le second édifice en bois du Japon après le temple Todaiji de Nara qui abrite le plus grand bouddha. Toutes les poutres et madriers sont chevillés, il n’y a pas un seul clou ! Son clocher culmine à 33 mètres, il abrite trois statues de Zao-gongen, en cerisier, hautes de sept mètres. Ces trois statues symbolisent les trois Bouddhas des trois temps (passée présent futur). A l’intérieur du village de Yoshino, après le Zao-do et le Temple Tonan-in, trouvent juste avant de prendre la rude montée qui conduit aux temples Kizoin, Sakuramotobô, Chikuri-in, un sanctuaire shinto dédié à l’eau Yoshimizu-Jinja ou Kisui jinja. Il devint un temple shinto à l'époque Meiji avec la décret impérial de la séparation du shintoisme et du bouddhisme (shin-bustu kisshaku). Avant, c’était la demeure des moines résidants au Kimpusenji. A l’époque Héian, il servit de cachette au fameux Minamoto Yoshitsuné qui y résida quelques temps avec sa maîtresse, la belle Shizuka Gozen. Dame Shizuka, pour donner à son amant le temps nécessaire de s’enfuir et retenir le plus possible ses poursuivants, dansa nue dans ce sanctuaire puis s’offrit au chef de la horde. Yoshitsuné eut le temps avec son compagnon de route, le légendaire géant yamabushi Benkei de fuir par les crêtes jusqu’au mont Sanjo. Le sanctuaire de Yoshimizu-jinja à brûler entièrement en fin septembre 2001, dix jours après l’accident tragique de voiture qui a coûté la vie à la fille du Rév Nakai, âgée de 30 ans : la ravissante Kiku Nakai qui ressemblait à s’y méprendre aux gravures anciennes de Dame Shizuka ! On peut admirer de très belles gravures anciennes de Dame Shizuka dont un kaké-juku (parchemin en rouleau suspendu) dans l’échoppe qui se trouve en face les ruines calcinées du sanctuaire au centre du village, dans la rue principale...

 

 

 

Les 5 temples protecteurs de Yoshino (Gojuin)

 

-1) Le temple Kizoin. On arrive à présent au temple Kizoin. On dit que c’est le moine Enchin (Chisho Daishi), au moyen âge, qui fit construire ce temple lorsqu’il vint dans l’Ominé faire « l’entrée en montagne ». C’est un Békkaku-Honzan, un des temples principaux de l’école Honzan-shugen affilié au temple impérial Shogoin de Kyoto. Les trois divinités centrales sont Jimpen Dai Bosatsu avec la bouche ouverte, d’où le son A sort ; le bouddha Fudo myo et Zao-gongen. C’est le Kizoin qui détient l’unique statue de Tengu* présente dans les monts Ominé. Cette statue se serait envolée du mont Sanjo jusqu’ici et atterrit dans l’ancienne mare près du temple. Ce qui n’était qu’un ermitage (han) devint un temple à l’ère Genwa, avec l’arrivée du moine Hieison du monastère Kazo sur le mont Koya. A l’époque Edo, un professeur spécialisé dans l’histoire chinoise, Kumazawa Rozan y séjourna une année, ainsi qu’une femme-peintre très célèbre : Mikuma Roka qui laissa au temple des aquarelles sur les cerisiers devenues le trésor du Kizoin ! Ancienne capitale à l’époque des deux cours, Yoshino est un lieu touristique depuis cette date reculée pour les milliers de cerisiers qui ornent les flancs de la montagne et qui fleurissent à la mi-avril (Yoshino senbon-sakura). Les mille cerisiers de Yoshino dont les milliards de pétales ressemblent, en tombant les nuits de pleine lune, à de la poudre de diamant s'échappant du flanc du bouddha Fudo. Le Kizoin est un temple qui fait aussi auberge japonaise traditionnelle. Membre de la Japan Youth Hotel (Association des auberges de jeunesse au Japon), on pouvait y dormir pour moins de cinq mille yens, ce qui est très bon marché au Japon. C’est d’ailleurs ici que je travaillais l’été, pour gagner de quoi payer mes études au Shogoin, durant mes années au Japon, lorsque je faisais mon noviciat. L'été, je résidais en permanence avec le Révérend Nakai Kyozen et lorsque les moments de libre le permettaient, il me faisait travailler les rites, le chant liturgique, l’écriture des lettres sanscrites, domaines où il excelle. J’ai pu ainsi me préparer à l’ascèse de la caverne de Shô avec celui qui l’avait réalisé, à la fin des années 70 et c'est ainsi que le Révérend Nakai devint mon maître d'ascèses. C’est dans ce temple que les yamabushi de la branche Honzan shugen shu passent la première nuit du miné-iri lors du pèlerinage dans le mandala naturel du corps du bouddha Dainichi-Nyorai., dans les montagnes de l’Ominé.

  

 

 

 

 

 

All the group in front of Kizoin temple main hall with Chief Abbot NAKAI Kyozen

 

From Kyoto Shogoin temple to Yoshino Kizoin temple

At Kizoin temple Yoshino village

 

-2) Le temple Tonan-in est un temple shugendo affilié au temple Kimpusenji de Yoshino. C’est En-no-gyoja qui édifia ce temple qui fut ouvert à nouveau par le moine Nichizo Shonnin. Ce dernier étudia en Chine. A l’époque Nambukocho, il était membre du gouvernement impérial (Kampaku Konoé), aide de camp de l’empereur Go-Daigo. Il se retira de ses fonctions pour devenir le supérieur de ce temple qui devint très vite le lieu de prières de la famille impériale Konoé. Dans la cour intérieure du temple se trouve une pagode octogonale à trois étages, au centre de laquelle se dresse un pilier sacré à huit faces (Hachira) datant de l’époque Edo (vers 1650). Sous la dynastie des Fujiwara, il s’y trouvait une statue de Dainichi. C’est un temple dont la liturgie se rapproche au niveau mélodique de celle du mont Hiei de l’école Tendai.

 

 

-3) Le temple Sakuramotobô. Son édification à Yoshino remonte au moine Rikkyu et même plus loin, à l’époque de l’empereur Temmu. Ce fût la maison secondaire de l’ex-empereur, devenu archevêque, Kakujin, lui même fils de Kakujo, ex-empereur qui abdiqua aussi pour rentrer en religion. Lorsque Rigen Daishi (le moine Shobo) fit son pèlerinage en montagne pour la première fois dans ces montagnes, ce fût le supérieur de ce temple qui lui servit de guide ! La divinité principale enchâssée est Jimpen Dai-bosatsu assis, datant de l’époque Muromachi. D’autres divinités se trouvent à ses côtés, tels que Jizo, Saka et Yoshino-Shoten (Vinayaka à tête d’éléphant) dans sa version secrète de Kangi-ten (accouplement du mâle et de la femelle) ainsi que des parchemins secrets sur les monts Ominé. Il n’est affilié à aucune école, mais ses textes sont d’inspiration Shingon.

 

-4) Le temple Chikuri-in ne suit aucune école depuis toujours. Mais la divinité de ce temple étant Kobo-Daishi (nom posthume du moine Kukai). Il est de sympathie Shingon à présent. C’est le prince Sotoku Taishi qui édifia ce temple qui s’appelait alors le Chizan-ji. L’empereur Komatsu le débaptisa pour lui donner son nom actuel. Le célèbre paysagiste et maître de la cérémonie du thé, Senno Rikkyu, construisit le jardin qui devint le troisième jardin paysagé le plus fréquenté de la région du Kansai (osaka-kyoto-nara). Le joyau de ce temple est un manuscrit écrit de la main du célèbre guerrier Minamoto Yoritomo. Son demi-frère Yoshitsuné fut élevé par les ascètes Tengu du mont Kurama, au Nord de Kyoto et son garde du corps (et compagnon de route) fût le célèbre yamabushi Benkei dont le théâtre Kabuki retrace de nombreuses parties de leurs histoires, notamment dans le Kanrinchô. Dix ans avant sa mort, l’empereur Showa et sa femme y sont descendus pour y dormir une nuit et y planter l’arbre du nouvel an. Le couple impérial a dormi dans la chambre d’or, suite aujourd’hui restaurée après le terrible typhon de 1992 ! C’est magnifique et j’ai pu y dormir en septembre 2007 ! Le supérieur de ce temple ,qui  fait auberge traditionnelle, occupa longtemps la fonction de maire du village de Yoshino. Si les affaires religieuses de ce temple ne sont plus florissantes, ses activités politiques et commerciales faisaient de l'abbé un des notables deYoshino.

  

 

 

-5) temple Ryusenji dans le village de Dorogawa dont nous reparlerons plus loin.../...

 

Seconde journée à Yoshino (16 juillet 2011), on se rend ensemble à pied au sanctuaire de Kate. On révise les chants et prières à dire durant le pèlerinage et faisons quelques achats de matériel.

 

DIAPORAMA FROM KYOTO TO YOSHINO

 

72) MIKUMARI-JINJA ou Komori jinja

(Sanctuaire devenu shinto à l’ère Meiji)

Le nom de la divinité enchâssée est "Ten-Suibun-Jin" (L’eau de Pluie) qui offre" l’eau du ciel" à l’agriculture alors que le sanctuaire de Yoshimizu concernait l’eau qui jaillit des sources destinée aux rizières, l’eau de pluie concerne toute l’agriculture. Situé à 35 minutes de marche du temple Kizoin sur la pente raide du mont Yoshino. Comme ceux du village de Kumano, son architecture est particulière au shugendo! C’est un Gongen-zukkuri, une architecture typique du Shugendô; un toit unique pour trois bâtiments abritant à l’origine une triade de divinités syncrétiques (gongen). Réside dans ce bâtiment l’épouse de Katté Dai-myojin du sanctuaire de Yoshimitsu. Son nom est aussi Komori-Himei-no-Kami (la Déesse-Princesse Recluse), autre nom de Wakamiya (la jeune déesse). Elle se nomme Jizo Bosatsu-no-Suijaku pour le shugendo et sa doctrine des avatars ou "apparitions circonstancielles"! Elle trône avec Amida-nyorai-no-suijaku et Kannon bosatsu. Leur travail consiste à dispenser de la joie et du bonheur pour tous les êtres.

 

71) KIMPU-JINJA (le sanctuaire de la cloche d’or)

Il se trouve à 25 minutes à pieds du 72 en suivant la route qui monte. Le portique de ce sanctuaire est la "seconde porte" du mandala naturel (shugyo-mon). Ce jinja est dans une forêt de cryptomeria, il abrite le dieu du sol de Yoshino Konsei Dai-Myojin, autre nom pour Kin-no-mitaké-no-yashiro, le château du mont d’or. Il y avait probablement une mine aurifère ici auparavant, comme aux monastères des monts Koya et Hiei. Après avoir prier le dieu du sol, les néophytes doivent tous se rendre dans « le pavillon de Yoshitsuné » qui se trouve sur la gauche, un peu en contrebas, après avoir passés une grille de bois. Aussi nommée Kénuké-no-To, Gangan-To, cette petite pagode contient une cloche énorme en bronze. Lorsque les néophytes (au courant de rien) déambulent autour, dans le noir complet, sans le savoir, les guides sonnent alors soudainement la cloche produisant des sons assourdissants. C’est une purification (harai) par le son pour se débarrasser des passions. Jusqu’à l’instant où la cloche retentie, les néophytes récitent le sutra du coeur (hannya shingyo). Une fois les 108 coups frappés, on ré-ouvrent les portes et les néophytes peuvent ressortir, comme une seconde naissance.

Poème à ce propos :

« Yoshino naru miyamano okuno kakuréto honrai ku no sumikanari kéri »

(Dans le fond des monts sacrés de Yoshino, tous cherchent à fuir mais c’est là que demeure le vrai corps de la vacuité)

Le dieu Konsei-Daimyojin est le « corps d’apparition » de Dainichi Nyorai du Kongokai mandala, celui qui fait la mudra du « Poing de Connaissance (Chikenin), l’union du principe masculin et féminin. Il est représenté avec un corps d’or, un chapeau d’or, couleur du soleil auquel est associé le bouddha Dainichi et il tient dans sa main la boule d’or, le joyaux (Kin-tama, les testicules en jpn), faisant alors référence au principe géniteur et fécondateur du dieu du sol pour le monde agricole. Il est le dieu protecteur du mont Kimpu !

 

  

 Fujimoto Masahi's diaporama from Muda-Yoshino to mount Sanjo

 

 

Journée 17 juillet

On se rend en train de Yoshino à Shimoichiguchi par la ligne Kintetsu puis en bus jusqu'à Dorogawa, stay Akai san guest-house, Suiren-kan. On se rend prier à temple Ryusenji puis nous allons tous au sancruaire shinto de Benzaiten du village de Tenkawa, afin d'assister à une cérémonie du feu à l'extérieur Saito Dai goma dont le chef officiant n'est autre que le Révérend Nakai

 

1) Diaporama / VIDEO of Tenkawa bound fire ceremony

  

 

 

-5) Le Ryusenji dans le village de Dorogawa. C’est le camp de base dans les monts Ominé, du sanctuaire de l’école Tozan du temple Sanpoin Daigoji à Kyoto, le Shugendo version école Shingon élaboré par le moine Shobo. Sa divinité principale est le bouddha Maitreya (Miroku-son-butsu), non pas sous sa forme de bodhisattva habituelle, mais sous la forme du bouddha qu’il prendra dans le futur ! C’est une forme très particulière, issue de la vision divine du moine Shobo. Entourant Rigen Daishi, on trouve aussi la statue de Kobo Daishi. A cet emplacement, En-no-gyoja a fortement prié les huit Grands Rois-dragons (Hachi-dai-ryu-O) si bien que ceux ci firent jaillirent une source. Il y a une cascade pour y pratiquer l’ascèse du takishugyo et la source est aménagée en bassin pour les ablutions rituelles (mizugyo):

« Arigataya oya yori ukéshi karai goromo harai kyoméru Ryusen no mizu »

(Dans l’eau du Ryusenji, j’ai pu purifier mon vêtement corporel, soyez béni !)

Avant de monter sur le mont Sanjo les yamabushi de la branche Tôzan du Shugen, passant au temple Ryusenji, récitent ce court poème. Auparavant les épreuves lors du pèlerinage liées aux dix mondes étaient légèrement différentes. Au niveau des enfers, on faisait la méditation du durcissement de la couche avec le sceptre (Tokogatamé), pour celui des démons faméliques et des âmes affamées, les yamabushi exécutaient l’acte de pénitence (zangé). Au monde des animaux, ils faisaient la pendaison avec la corde de la conque (Go-no-hakari). Au niveau du monde des titans, c’était l’épreuve de la privation d’eau (mizudachi). Pour celui des hommes, on faisait l’offrande de l’eau (Akka), pour celui des dieux, une lutte (tengu-zumo), pour les auditeurs, on exécutait une danse de longue vie (En-nen); pour le monde des bouddha-pour-soi, l’offrande du bois liturgique et arrivés au niveau des bouddha, on recevait l’initiation et le sacrement (Sho-kanjo) après avoir fait la cérémonie du feu.

 

Diaporama / VIDEO Ryusenj temple /  takigyo / Suigyo

  

 

Journée 18 juillet, stay Dorogawa, Akai san minshuku

Le groupe fait de la calligraphie de lettres sanscrites, se rend prier au temple de la mère d'Enno Gyoja, à la grotte de TORO et nous faisons l'ablution dans la cascade 3 fois dans la journée au temple Ryusenji puis allons rendre visite au peintre Okuto-kun...

Le typhon passe en plein sur la région! Tout le monde se met à l'abri..

 

Diaporama  Dorogawa  village, temple Enno Gyoja's mother, Nyonin gate, Toro grotto & painter Okuto kun

 

 

 

Journées 19- 20 juillet**

(le nombre de * indique le niveau de difficultés)

 

Dorotsuji halte

 

 

 

 

 

68) JOSHIN-MON (porte de l’esprit clair)

A 90 minutes de Goban-sékki, après le refuge et les maisons de thé de Dorotsuji et le sentier qui mène au village de Dorogawa, se trouve Joshin-mon, à l’entrée du mont Sanjo, vers le Kané-daké (le rocher de la cloche) que tous les « shinkyaku » (débutants qui se rendent pour la première fois sur le mont Sanjo) doivent escalader. C’est l’endroit où se trouvent les trois « omoté-gyoba», trois lieux "d’épreuves externes": 1) « Kamé ishi », le rocher enfoui en partie dans la terre et dont la dalle qui en émerger fait penser à la carapace d’une tortue, 2) «Kané-kaké-iwa», grimper le rocher de la cloche qui rappel les pas croisés en varappe que faisaient les anciens yamabushi pour escalader les montagnes; 3) « Nishi nozoki », la pendaison vers l’ouest où les néophytes écécutent. ces épreuves dites "externes" sont en rapport avec les« ura gyoba » lieux d’épreuves dites internes qui se sont juste avant d’arriver au monastère du mont Sanjo.

The gate Joshin-mon

 

Voici un poème du maître Saïto, à propos de cet endroit :

« Kanékaké tô totté tazunété kité miréba, kukétsu no hora o shitani kosô miru »

(Après avoir passé le rocher de la cloche, demandant aux personnes qui se trouvent ici, verrons nous les neuf orifices de la conque visibles par le jeune bonze lorsqu’il regarde vers le bas). Après avoir gravit le « rocher de la cloche », avoir franchit le portique, les yamabushi néophytes se rendent au « rocher de la pendaison par les pieds à l’ouest » (nishi-no-nozoki) où les uns après les autres, des jeunes moines aux laics, les néophytes, venant pour la première fois au mont Sanjo, vont être suspendus dans le vide par les pieds. Les vétérans n’hésitent pas à faire glisser très bas, le long de la paroi, les jeunes moines novices, pour soi-disant, qu’ils puissent contempler une encoche particulière dans la roche nommée « Les 9 trous de la conque ».

Nishi-no-nozoki testing

 

Ces « 9 trous » dit le maître Saïto*, dans l’un de ces ouvrages :

(* le maître Saito sensei fut un grand dignitaire du shugendo du temple Sambôin pendant des années. Il était le supérieur du petit temple Nyonin-dô dans le grand complexe d’édifices religieux du temple Daigoji. Son maître, le Révérend Okada fût le supérieur du temple Ryusenji du village de Dorogawa avant de devenir le chef suprême de l’école Tôzan-shugen-shu au temple Daigoji de Kyoto il y a plus de 50 ans et de réécrire entièrement le rituel secret du Shichidanpô qui permet d'accéder à l'initiation de Heïn dans le shugen de l'école Tôzan. L'Abbé actuel du temple Ryusenji est le petit-fils du maître Okada)

« Les 9 orifices que l’on peut voir sont les 9 états de samadhi du bouddha de l’ouest Amida (Amithaba en scrt, Amitayûs en chinois). Ces 9 paradis d’Amida (kubongokuraku-sékkai) sont : l'oeil gauche d’Amida est Miroku Bosatsu, l’oeil droit est Ashuku Nyorai, la narine gauche Fugen Bosatsu, la narine droite Saka Nyorai (Sakyamuni), la bouche est Dainichi Nyorai, l’oreille gauche est Hossho Nyorai, l’oreille droite est Kannon Bosatsu, le nombril est Amida Nyorai et l’orifice du rectum est Monju Bosatsu. Ceci est le Taizokai mandala de Fudo Myô. »

 

A propos des 9 orifices voici un poème ancien disant :

« Amatsu-kazé kumo iharukani nagamuréba sanzé shobutsu no jodo naru ran »

(Le vent du ciel, les nuages aux loin, ceci est bien le triple monde merveilleux du bouddha)

Ce texte explique aux yamabushi, que même pendu dans le vide par les pieds, le corps est néanmoins au-dessus des nuages.

 

« Kukétsu yori kokyuno kazé ya kari no minô fujô saruwa iwa oshi no mizu »

(Des 9 orifices vient la respiration du vent, ce corps impur est lavé, je m’en débarrasse, l’eau bonne vient de la grande roche)

« Kané kaké ni noborité miréba. kané monashi. Kokoro no mida ni aouzo uréshi. »

(Venir au rocher de la cloche pour gravir et regarder. L’or et l’argent ne sont rien. Ne pouvant rien voir avec les yeux, je ressens avec l’esprit d’Amida et je suis heureux) Les mots ‘cloche’ et ‘argent’, s’ils ne s’écrivent pas avec le même idéogramme, se prononcent de la même façon.

 

Voici un poème qui indiquait comment les yamabushi pratiquent et qu’elle est la posture mentale qu’ils adoptent lors du franchissement des trois épreuves vers la porte Joshin-mon !

« Mumyo naru. Shishi ni noriété. Hosho no michi otsutaété.”

(J’étais ignorant mais obtenant le Lion, je grimpe pour montrer le chemin du dharma et je ressens de l’allégresse).

Mumyo, l’ignorance est le "principe secret" (hi-hô) de l’obtention de l’illumination grâce aux passions comme moteur (bonno-soku-bodai). Assis sur les genoux en seiza, les yamabushi gardent les pieds armés (pour pouvoir bondir rapidement), le talon bloqué entre le périné et l’anus pour faire pression sur le feu serpent de la Kundalini. Cette posture secrète "de vigilance", employée et enseignée par le bodhisattva Manjusri (en jpn Monju bosatsu), toujours représenté chevauchant un lion est appelée Posture du Lion !

 

VIDEO DOROGAWA to SANJO

 

 

67) SANJO-GATAKE (Le mont Sanjo, son monastère, ses gîtes, ses épreuves)

 

  

  

Environ à quinze minutes à pieds du n°68, on arrive au sommet du Sanjo. On passe en premier lieu devant des bâtiments anciens en bois, allongés, où dans chacun peut dormir plus de cent personnes. A gauche, il y a les gîtes des temples Chikuri-in, Sakuramotobô et Kizoin, à droite un peu éloigné des autres celui du Ryusenji. Plus haut, se trouve le monastère proprement dit, la mecque du shugendô, avec les bâtiments attenants. Au sommet l’endroit est dégagé. Le temple est le bâtiment de gauche. A droite le logement des personnes chargées de son fonctionnement. La montagne étant ouverte du 3 mai au 21 septembre, si l’on arrive en milieu d’après-midi pendant cette période, on peut trouver le gîte et le couvert pour quatre milles yen, environ cinquante euro, végétarien certes, mais chaud, car la température extérieure n’excède pas les dix degrés centigrades, même en été. Le pic se trouve à 1.719,5 mètres d’altitude. C’est l’endroit le plus humide du Japon ! Le mont Sanjo est très souvent dans les nuages des typhons qui passent sur le Japon au moment du pèlerinage de « l’entrée en montagne » ! Lorsque le miné-iri arrive au Sanjo, les néophytes, avant de rentrer dans le temple sacré, doivent accomplir une série d’épreuves : Les « trois omoté-gyoba » ont été réalisés avant de passer devant les auberges (shukubo) et on enchaîne ensuite par les « ju-hachi ura-gyoba », les dix-huit sites internes. Le temple porte le nom de Sanjo-hondo Ominé-sanji, le temple du mont Ominé hall du sommet. Les gîtes sont regroupés sous l’appellation Goju-in Kokabo Sanrojo, les cinq temples protecteurs de l’Ominé qui comportent des réfectoires, des salles de réunions et des chapelles. Au sommet, à droite, direction Ouest, il y a un champs de fleurs sacrées et naturelles qui fleurissent au cours de l’été (Ohana-bataké). C’est ici, qu’En-no-gyoja eût sa vision de l'avatar Zao-Gongen. Le mont Sanjo se trouve à 180 minutes de marche du village de Dorogawa, si on veut y accéder par la voie courte. La divinité principale de ce monastère est donc Zao-gongen. Sa construction date du début de l’époque Heian, juste après la venue d'En-no-Gyoja, il y a 1.300 ans. Depuis l’époque Edo, vers 1600, on y vénère une statue secrète d’En-no-gyoja (Hi-Butsu) qui se trouve derrière la table d’exécution de la cérémonie de l'oblation du feu. C’est une statue qui semble vivante, comme si le saint anachorète veillait toujours sur ses yamabushi. J’ai pu voir cette statue aux yeux de cristal : Impressionnant ! Impressionnante la force et la puissance qui s'en dégagent ! Les chefs des fidèles regroupés en trois associations ou kôsha (Sango ou Sankô), celle des villages de Doragawa et Yoshino et d'Osaka et plus spécialement celle du quartier de Sakkai : Yashima-éki-kô. Ces trois associations de Shugenjas protègent et soutiennent financièrement le monastère du mont Sanjo. Les membres de ces associations se réunissent tous, dans la nuit du 2 au 3 mai de chaque année, avec les supérieurs des cinq temples protecteurs pour faire la « cérémonie de remise des clefs et d’ouverture des portes du temple » (Toaké-shiki) car le temple est fermé l’hiver à cause de la hauteur de neige. La cérémonie dure la nuit entière, les cinq supérieurs des temples de Yoshino et de Dorogawa sont présents ainsi que des dignitaires du Shogoin avec les chefs des Kôsha de Kyoto, de toute la province du Kanto et de nombreux fidèles masculins. C’est presque un millier d'hommes qui grimpent au Mt Sanjo pour assister à cet événement tous les ans. Une fois les clefs remises, il y a un simulacre de bataille: L’individu (jinba), à qui sont remises les clefs, est porté sur les épaules d’un autre homme qui fuit la foule en délire essayant de lui voler les clefs. Les portes s'ouvrent et tout le monde est censé se calmer pour aller se présenter devant la statue secrète d’En-no-gyoja (Himitsu-butsu). Cela se termine par une cérémonie du feu en extérieur (saito-dai-goma*), il est trois heures du matin. Certains vont ensuite prendre leur petit déjeuner et redescendre vers les cinq heures, avec les premières lueurs de l’aube, dans la vallée ! 
 

 

 

Les trois "omoté-gyoba" avant  l'arrivée du Mt Sanjo, sont:

1) KAME-ISHI (la pierre de la tortue)

Après le croisement du chemin qui vient de Yoshino et celui qui monte du village de Dorogawa, au lieu-dit "Dorotsuji" se trouve le premer des trois omoté-gyoba : la pierre de la tortue.

Poème du shugen:

«Kamé ishi fumuna takuna tsué tsukuna yoikété toréyo tabi no shinkyaku »

(Ne pas écraser, ne pas frapper, ne pas donner de coups à la « pierre de la tortue », il faut la contourner, c’est l’itinéraire des néophytes)

Cette grande dalle, entourée à présent d’une balustrade en granit pour la protéger, est censée être la carapace de tortue que la mère d’En-no-gyoja laissa à son retour du mont Sanjo. Souhaitant voir son fils, elle se métamorphosa en tortue pour grimper au sommet du Sanjo. On retrouve cette pierre dans les « ura-gyoba». Ici, sur le dos, des piécettes lui y sont déposées en offrande, mais nul ne songerait à marcher ou à planter son bâton de marche ici. Ce poème est fait pour rappeler cette injonction. La légende de la mère d’En-no-gyoja qui change de corps pour voir son fils, met en évidence le fait que l’accès des montagnes aux femmes était prohibé depuis plus longtemps que la création du shugendo dans les traditions populaires japonaises... Il faut se rendre compte que, ce qui peut paraître comme une discrimination au 21ième siècle, est en réalité vécu comme une répartition des tâches, il y a 1300 ans. Schématiquement les femmes s’occupent des travaux des champs, y accouchent de leur progéniture, alors que le domaine de la montagne, monde des défunts, ramassage du bois pour chauffer, défrichage, était réservé aux hommes. Ce qui ne sous-entend nullement que le travaux des champs soient plus reposants. Je pense qu’il n’y avait pas de discrimination de la part des ascètes. Pour avoir étudié la vie d’ascètes femmes de l’école Jodoshin-shu qui pratiquaient la récitation du mantra du Nembutsu au moyen âge dans les montagnes de la province de Mikawa (près des villes de Nagoya et Toyota), je me suis aperçu d’une chose commune chez ces religieuses-ascètes et les femmes yamabushi du 20ième siècle :

"La pratique des ascèses en montagne ménopause prématurément les femmes et les conditions de pratiques y sont très dures ! C’est probablement pour préserver les "matrices "nécessaires à l’enfantement que les montagnes furent interdites aux femmes !

Dans les écrits bouddhiques, il est écrit que si les femmes souhaitent gagner l’illumination, comme la fille du Roi des Dragons, elles devront se "réincarner" en homme. C’est une allégorie bien sûr ! La ménopause était vue (injustement d'ailleurs) comme "la perte de l‘état féminin" pour acquérir celui d’homme... Un tel changement hormonal a lieu indubitablement lors de la pratique d’austérités en montagne, avec l’activation de la progestérone! Arrêt des menstruations et plus de possibilité d’être enceinte. Quant à l’utilité de maintenir le Nyonin-kinsei aux 21ième siècle, si le débat fût ouvert au Japon en 2000 pour le 1300 anniversaire de la mort du fondateur, c’est l’avenir qui apportera une solution qui est déjà en passe d’être trouvé . Vu le nombre toujours décroissant des pratiquants mâles depuis le 20ième siècle, le nombre décroissant des vieux fidèles machistes, et du nombre toujours croissant des femmes yamabushi qui gravissent la nuit secrètement jusqu'au monastère du Mt Sanjo par le mont Inamura; il est à parier qu'un jour prochain les femmes japonaises pratiquantes verront cette interdiction se lever automatiquement…"

 

 

2) KANE KAKE ( le rocher de la cloche)

Il se trouve entre la pierre de la tortue et le rocher de la pendaison. C’est un passage de quelques dizaines de mètres en varappe. En temps normal, tous ces exercices se dérouleraient sans difficulté, mais avec dix heures de marche dans les jambes, cela devient une affaire délicate. Il faut bien écouter les conseils préalables des anciens pour ne pas rester bloqué sur le rocher. « Kané-kaké-iwa» nous apprend un pas croisé, un pas précis à exécuter sur ce rocher. Il ne peut, ni ne doit, être franchi n’importe comment ! C’est un pas croisé avec un changement de pied sur l’extrémité des orteils qui doit être effectué! Ce qui me laisse supposer que les miné-iri anciens, tout en étant ponctués d’épreuves initiatiques qui sélectionnaient les candidats, étaient aussi des périodes d’entraînements militaires pour les moines-soldats ds ces "sites dissimulés" (kagouré-zato). Dans les dix-huit autres épreuves à l’Est du mont Sanjo, ce genre d’exercices en varappe sera refait. On raconte qu’autrefois Jimpen y aurait amené de la province de Shizuoka, une cloche en bronze très lourde et l’aurait suspendu à un pin près de ce rocher, d’où son nom actuel.

Pour se donner du courage en vue du franchissement de cette épreuve, les yamabushis se récitaient ce court poème..:

« Koku yori koku ni kuru,kokoro koso,Namu Amida butsuy no miniwa narikéri »

(L’esprit vient de l’espace et retour à l’espace, Adoration au Bouddha de Lumière Infinie, Amida est le corps). Ceci est la vertu du bouddha Amida qui donne l’enseignement selon le niveau de compréhension atteint par le fidèle. En sanscrit cette sagesse se nomme Pratya-

Aveksnana-jnana, une sapience qui ôte les doutes au fur et à mesure qu’ils apparaissent.

    

  

 

 

3) NISHI NO NOZOKI (la pendaison à l’Ouest)

Voici le court poème de cet endroit:

« Arigataya nishi no nozoki ni zangé shité ,mida no jodo ni iruzo, uréshi »

(Merci infiniment de permettre de faire pénitence au rocher de la pendaison de l’Ouest, je vais au paradis du bouddha Amida et suis heureux)

Lorsque le néophyte se trouve à l’endroit de cette épreuve, on lui dit d’enfiler une corde autour de ses épaules, de garder ses paumes jointes en prières et de ne les ouvrir sous aucun prétexte. Pendant qu’une personne tient la corde, deux autres lui prennent les chevilles et le laissent glisser le long de la paroie On finit par oublier très vite la corde à force de regarder dans le fond de la vallée quelques  dizaines de mètres plus bas. L’un des Sendatsu pose alors, en japonais, les questions suivantes à la personne pendue par les pieds, en criant pour se faire entendre : « Respectes-tu bien tes parents ? Faits-tu bien tes prières pour le fondateur tous les 7 de chaque mois ? Et pour Fudo-Myô tous les 28 du mois ? A chaque question, le néophyte doit répondre ’oui’ d’une voix forte (AI ! en jpn), les guides laissent un peu de corde filer pour terroriser les nouveaux venus. Aux moyen-âge, durant cet exercice, les "imposteurs shugenjas" étaient démasqués puis sacrifiés "envoyés" au bouddha de l’Ouet. L’ouest étant la terre des morts en direction du soleil couchant. Une fois démasqué par des réponses qu'ils ne connaissaient pas, il suffisait de lâcher les chevilles pour qu'ils aillent s'écraser aux pieds de la falaise...

  

Nishi-no-nozoki avec un néophyte pendu par les pieds, Taigaku sensei à gauche et le village de Dorogawa dans le fond à 11 kms

moine novice (shinkyaku) pendu fait le nishi-no-nozoki jurant de respecter les 3 Joyaux, ses maîtres et ses parents...

 

 

Le poème suivant traite ce sujet:

« Inishié no tatsu omoshirazu Sanjo no koko zo gyoja no chikai narikéri

Waké noboru kumowo kakéashi otoshikochi no kokorono nigori suméru tanika

(Regarder vers l’ouest dans la direction des dragons, le pratiquant prend conscience de l’enfer, les pieds accrochés aux nuages, confiant il pourra se rendre sur le mont Méru)

 

Voici un autre poème de maître Saito :

« Arashi fuku nishi no nozoki no kibishi sani, rokon shojo tada jushi kéri »

(Prier dans la tempête à la pendaison de l’ouest est une situation difficile, on ne peut dire que ‘ rokkon shojo’, "éclaircissons nos six sens")

« Histo motono inochi no tsunani myo azuku zangé gobyo nozoki no gyo wa »

(Ma vie est suspendue à une corde qui balance, pénitence, ceci est l’épreuve de la pendaison par les pieds)

 

les 5 gîtes-temples (syukubo) du mont Sanjo avec différents points de vue

Kanzaki Shirou, master of Kizoin Sanjo syukubô / lodge house

 

Diaporama 2011 from Dorogawa village to Ominesanji monastery & kizoin shukubo

 

Ju-hachi ura gyoba

les dix huit épreuves de l'itinéraire "iniatique" interne

Pour se rendre aux "dix-huit places internes" du mont Sanjo, les 18 ura-gyoba, il faut longer le gîte du temple Kizoin. C'est un chemin inititaique poncté d'épreuves et de prières que tous les néophytes devaient accomplir avant de pouvoir rentrer dans le monastère autrefois. Très glissant par temps de pluie, voir dangereux, il faut toujours être accompagné par un guide prévu à cet effet résidants dans les gîtes. C'est une série d'épreuves que je prends toujours à coeur de réaliser lorsque je me rend au mont Sanjo..

 

Attention, s’il a plu, c’est extrêmement dangereux car très glissant. Moyennant quelques yens, on peut se faire accompagner par un guide spécial se trouvant dans l’un des cinq gîtes. Par beau temps, il faut compter 45 minutes, avec les prières, pour réaliser le parcours en totalité ! L’itinéraire commence derrière le gite du temple Kizoin en allant vers l’Est !

(Thanks to Christophe, Venantius & Kanzaki for their picture)

 

 

1) Fudo no nobori-iwa (gimper la roche de Fudo)

Il faut se servir des chaînes mises en place. C’est une série de rochers à escalader qui nous montrent qu’il est difficile d’acquérir le corps inaltérable (Jôju kongo) de Fudo. Il faut enjamber le dernier bloc (Oishi-waké-iwa) pour entrée dans le n°2 avec la jambe gauche, comme on franchit l’entrée d’un temple, avec le pied gauche.

 

 

2) Goma iwaya (la caverne de l’oblation du feu)

A l’entrée du tunnel de la matrice (taïnai) se trouve un endroit dégagé avec une statue de Jimpen, comportant une ouverture au sommet de la caverne. On dit qu’En-nogyoja y pratiquait le rituel du feu. L’endroit est exigüe et rond, comme un ventre, près pour la transmutation de l’embryon de l’oeuf alchimique.

 

3) Taïnai-kuguri (se faufiler à l’intérieur de la matrice, de l’utérus)

La caverne de l’oblation du feu continue en se rétrécissant sur plusieurs dizaines de mètres. Il y fait très sombre. Le yamabushi se trouve dans le ventre de la mère nature. Lorsque le néophyte sort par le col de cet "utérus naturel" (par comparaison avec l'utérus maternel), il doit prononcer le son A (son primordial) et faire attention de ne pas heurter sa tête sur le surplomb. C’est pareil au cri du nouveau-né qui sort du col de l’utérus.

« Tainai yau kokurité taki ni utarureba imazo banjino akao kosonuké »

(Passer au travers de la matrice, c’est pareil que se laisser frapper par la cascade, à présent moi le faible moine j’établis la dalle de la ferme résolution)

 

        

 

 

4) Byobu-iwa (La roche d'égalité)

Après avoir passé le tainai, le chemin se faufile entre deux dalles de pierres dressées comme des menhirs et qui sont parallèles, avec juste un espace pour passer de profil. Elles représentent le père et la mère, le Kongokai et le Taizokai mandalas, au-dessus desquels se trouve un porche en pierre. Au moyen-âge, on escaladait ces deux rochers avec une jambe sur chacune des dalles en grand écart. «O-uma-ya » "L’écurie" est le nom d’une roche près du n°4 où l’on était censé accrocher sa monture. Son symbolisme est celui de la crèche. On continue le sentier entre les roches et l’on arrive au N°5…

 

5) Mitaké-no-iwaya (La caverne où l’on peut voir sa taille)

C’est une étroite caverne, peu profonde où se trouve une statue en bronze d'En-no-Gyoja qui semble pleurer, à cause de la mousse faisant comme des larmes.. On y regardait sa taille

 

6) Késa-kaké-iwa (La roche qui porte le késa, la toge bouddhique)

Alors que le n°8 est en face de nous, le n°7 sur notre droite, le n°6 quant à lui est sur notre gauche. Les racines des arbres sur la roche font penser à une toge bouddhique de moine, la késa. Au moyen âge, il y avait une variété de mousse qui brillait la nuit (hikkari-kokké) présente au n°10.

 
 

 

7) Kolomo-kaké-iwa (La roche revêtue du vêtement monastique)

Se trouve à droite, près du n°6 près, un rocher nommé : « oi-kaké-iwa », le rocher qui porte le coffre sur le dos. En réalité, comme dans la  cérémonie du Tokudo et d l’ascète symboliquement se revêt de la toge lors de la la prise de refuge dans les 3 Joyaux bouddhistes..

  

  

 

 

 

   8) Kagami-iwa (le rocher miroir)

On devine sur cette pierre, avec certes un peu d’imagination, la forme arrondie d’une tête tondue (donc d’un prêtre), mains jointes en prières portant une toge noire. On dit qu’En-no-gyoja y aurait vu sa pitoyable apparence d’ascète desséché. On raconte qu’il existe une relation de "renaissance" entre les n°5, 6, 7, 8 et les n° 1, 2, 3.

 

Poème  attribué à En-no-gyoja qu'il aurait écrit en se regardant dans la pierre du mirroir :

« Furusato no histoya miruran azukashiya yatsuré aténuru wagasugata kana »

(Si des personnes de chez moi me voyaient maintenant, comme j’éprouverai de la honte à la vue de ma maigreur)

 

 

9) Sai-no-kawara (la rivière Sai)

Peu après le n°6, le sentier se dirige vers la gauche et l’on arrive à un endroit où se trouve une statue du bodhisattva Jizo, à l’apparence monacale avec sa tête rasée, sa toge et son bâton à anneau. C’est ainsi que l’on représente le bodhisattva Kristhagarbha (son nom en scrt) en Chine et au Japon. Cette une rivière allégorique qui sépare le monde des vivants de celui des enfants mort-nés ou décédés en bas âge. Les yamabushi y disent des prières pour le repos de leurs âmes et dépose une pierre sur une autre qui finira par y faire un stupa ou reliquaire, comme on en voit tant au Tibet ou au Népal...

 

 

 

 

10) Ama-no-gawa (La voie lactée)

C’est une grotte à droite du chemin montant, très ouverte et longue dont les parois sont tapissées d'une mousse phosphorescente, qui brille la nuit au point de pouvoir faire pensée à la voie lactée, très abritée par mauvais temps, très confortable pour y passer la nuit si une ourse n’y élève pas ses petits…

  

 

11) Kamé-ishi (la pierre de la tortue) ou Gotobiki-iwa  (le rocher protecteur du Nord)

En relation avec la pierre de la tortue de l’omoté-gyoba situé avant la 68ième station, cette pierre-ci est considérée comme une des formes d’En-no-gyoja. Elle avait pour autre nom Ko-kamé-ishi, la piere de la petite tortue. Il ne faut pas poser sa main dessus la tête de cette tortue; cela est interdit sous peine de sanctions graves ! Lorsque l’on se retourne après l’avoir dépassé, en grimpant plus haut, on s’aperçoit que cette tortue porte réellement une forêt sur sa carapace. Comme la tortue de la mythologie chinoise portant l’univers sur son dos ou bien l’axe du monde, le mont Méru reposant sur la tortue... les monts Ominé font de même et reposent sur le dos d’En-no-gyoja. Tel est le symbolisme de cette partie du parcours. Il y a aussi une relation plus intime entre la voie lactée qui symbolise le vagin et la tortue (Kamé) image qualifiant le pénis dans l'imagerie populaire au Japon !

 

  

 

 

12) Daikoku-iwa (La pierre du grand Dieu sombre)

Au fond d’un ravinement se trouve, sur la droite, cette pierre qui ressemble au sac de grains de riz (ou au maillet) du dieu Daikoku. L’un des sept dieux du bonheur, Shichifukujin. Une fois dépassée, on s’aperçoit, en se retournant, de la ressemblance avec ses éléments. Un peu plus loin, se trouve la hanche du dieu en forme de dragon. Il fallait des hanches puissantes pour porter les lourds sacs de riz sur son dos !

 

 

13) Séoi-iwa (La pierre du Karma)

On la franchit en rampant sur le coté. Elle nous enveloppe et au moment où l’on se trouve à l’intérieur, c'est une sensation oppressante que l’on ressent. Une fois franchit, il suffit de se retourner pour s’apercevoir qu’elle a la forme d’une grenouille d’où son autre nom de Kaéru-ishi : la pierre de la grenouille. Kaéru en jpn signifie "revenir, s’en retourner", comme le karma nous fait nous réincarner. Tel est le poids du karma à ressentir à cet endroit !

With my best japanese friend SHIROU KANZAKI since more than 20 years

 

14) Tobi-ishi (la pierre du saut)

C’est un endroit au passage délicat. A présent pour le franchir, on se sert des deux chaînes mises en place et qui restent tout le temps à demeure. Il faut commencer à franchir ce passage délicat avec le pied gauche, puis croiser par dessus avec le pied droit, en tenant une chaîne dans chaque main. Par le passé, il n’y avait pas de chaîne mais il a fallu les installer après la chute d’une personne. Avant, on sautait de l’endroit où se trouve les chaînes jusqu’au rocher où se trouve la statue d'En-no-gyoja offerte par les fidèles du temple Kizoin, d’où le nom de Tobi- ishi. C’était un passage dangereux, à présent il l'est moins car plus sécurisé… On arrive en bordure Est de la falaise et à partir de maintenant, il faut faire attention car la roche s'effrite à cause de l’érosion et des pluies acides. Ce saut c'est celui qu'il faut souvent faire pour se lancer dans la réalisation de ses souhaits!

  

    

 

15) Higashi-no-nozoki (La vision de l’est)

Jusqu’à la fin du moyen âge, on y effectuait la pendaison par les pieds coté Est. La falaise se trouve après « la pierre du saut ». On y accède juste après le saut en passant sur la gauche. On ne pratique plus les pendaisons par les pieds ici depuis qu’il s’est produit un accident mortel, on s'est aperçu que la roche n'était plus solide. L’endroit est néanmoins idéal pour photographier les yamabushi au dessus du vide agripper à la falaise, au n°17.

 

Poème du Shugen

"Nozoku miwa bodai no michi-é hikitsunano kumo maya hana no uténa naruran"

(Regarder dans le fond de la vallée, je le fais ; c’est le sentier de bodai, la corde est celle qui montre le bon chemin, l’espace entre les nuages est semblable à l’espace entre les passions qui se séparent, ainsi on peut apercevoir les fleurs de l’illumination)

 

16) Ari-no-tô-watari (Escalader la tour comme des fourmis)

C’est un endroit très délicat à franchir où il n’est pas recommandé de se laisser prendre par le vertige. On grimpe en effectuant le pas de coté avec le précipice sur la gauche. Il n’y a ni corde ni chaîne pour assurer une chute éventuelle, c’est quitte ou double ! Il faut commencer par avancer la jambe droite puis amener la gauche à la même hauteur par trois fois consécutives puis ensuite croiser la gauche par dessus la droite, mettre son poids sur l’extrémité des orteils droits et lancer sa jambe gauche au-dessus du piton rocheux. Pour franchir ce passage il faut, une fois parvenu en haut, assurer ses prises en saisissant la chaîne avec la main droite, en ayant passer le bras tout entier dans l’anneau en fer pour le remonter au niveau de l’épaule et se hisser en tirant sur la chaîne pour enjamber le piton avec sa jambe gauche, en la lançant haut et loin devant. Les mains sont en opposition sur le roc qui en 1995 s’est partiellement effrité…

  

 

Poème du Shugen:

"Sasa-fukami kiri kosu kusano asa tachté nabiki hazurau arinotowatari"

(Le brouillard s’élève des champs et de la terre, semblable aux fourmis, les pratiquants et bouddha ne font plus qu’un)

 

17) Byodo-iwa (le rocher d’égalité)

Les yamabushi lui donnent aussi d’autres noms : Nyôdô iwa, le rocher que l’on contourne ou Gyôdo-iwa. Avec un autre rocher semblable sur le parcours en redescendant vers la vallée de Zenki-guchi, ce Byodo-iwa reste l’épreuve la plus dangereuse. C’est de la varappe pure, avec un pas croisé technique à faire au-dessus d'un apic plus de cinquante mètres de vide dans le dos, sans autre assurance que ses mains et ses pieds. Dix heures de marche en montagne dans les jambes et plus de vingt épreuves passées dans la journée. Les quelques secondes au-dessus du vide semblent une éternité ! A présent pour des raisons de sécurité, on passe visage face à la paroi. Mais avant, on effectuait, ce pas croisé sur l’extrémité des orteils en se retournant face au vide en s'agrippant avec les talons. Les hauts dignitaires, comme les Révérends Miyagi Tainen et Nakamura connaissent ce pas face au vide pour l’avoir effectué au 20ième siècle. Je ne connais que ces deux personnes qui sont capables de passer face au vide ! Une fois franchi, on continue a grimper avec des chaînes qui mènent une petite matrice jusqu’au dernier numéro.

 

Trois Haïku du Shugen:

«Byodo iwa mawarité miréwa Ako taki no sutsuru inochi mo Fudo Kurikara »

(En tournant autour du rocher d’égalité, on aperçoit la cascade d'Ako, on dépose la vie aux pieds de Fudo-Kurikara)

« Gyodo iwa méguréba shitawa Akotaki no kokoro no uchiwa Fudo Kurikara »

(En faisant le tour du rocher de Gyodo, on aperçoit en bas la cascade d’Ako, notre esprit est Fudo-Kurikara)

«Gokuraku no uchi omo shirazu téokakété mui no Miyako-ni iruzo ureshi »

(Le paradis est au bout de mes mains, il fait froid à Kyoto, allégresse) à présent que les pratiquant possèdent la clée pour ouvrir les portes du paradis

(Esprit de Fudo), ils ressentent de la joie.

 

18) Motten-barai (couper la natte)

On a effectué les dix-huit épreuves avec succès. Auparavant, les shugenjas néophytes coupaient leurs cheveux longs car jusqu'à l'ère Meiji, les samouraïs et autres, exceptés les bonzes, portaient tous les cheveux longs. Ce rite est à rapprocher de celui de la tonsure chez les bouddhiques avant de rentrer en religion avant de se présenter au bouddha dans le monastère du Sanjo. A présent, on rappelle ce qui se passait à cet endroit (on ne rase plus les cheveux) et l’on ne fait plus qu’y lire les textes canoniques. Ensuite, on continue le sentier et on rentre dans le temple, en lui montrant notre côté droit, comme si on tournait autour du bouddha. Tous les yamabushi saluent le "Gyoja Secret" (hibustu-gyoja) et on fait le rite du feu à l’extérieur puis on rentre au gîte du Kizoin pour la seconde nuit du pèlerinage en montagne. Le lendemain, lever trois heures et départ à quatre heures!

 

Les poèmes nous racontent...

«Gokuraku no uchi wa tasoto koto toéba nanimo suzushiki matsu kazé no oto »

(Aller au paradis, quelle merveille d’entendre le son du vent dans les pins)

C’est une autre façon de dire qu’après s’être nettoyé dans les impuretés, l’esprit se sent joyeux !

«Daikuni yubu shitamau Birushana no koé niya aran matsu kazé no oto »

(Grand ciel, marcher, bouddha Vairocana, le vent est le sonde la voix de Vairocana en activité!)

 

 

« Amida butsu koé no suni kawa izukuyaran. Mina myô no hachi sunarikéri”

(D’où vient la voix merveilleuse et sublime enseignement d’Amida. Toutes ces lumières viennent du siège de lotus)

 

« Myô no hachi suno uéni nanikaharu ikutsuno tsukiwa histori hogaraka »

(Quelle lumière y a t il sur le siège de l’enseignement merveilleux, seulement le disque lunaire)

 

« Ini shié no otoké no oshié shikarinari, gyojano chikai fukaki yama no hachi »

(L’enseignement de bouddha existe depuis des temps imémoriaux, L’enseignement d’En-no-gyoja de la montagne du Lotus est très proche de cet enseignement original) Ici le Mt Sanjo est vu comme le Lotus aux mille pétales du bouddhisme

 

 

 

VIDEO 18 URA-GYOBA

 

Le "rocher spatial" d’où jaillit l'avatar Zaogongen est nommé Yushutsu-iwa / Uchuu-iwa ou Yushutsu-no-gataku, "rocher de l'espace"... Situé dans le champ de fleurs au sommet du Sanjo dans la clairière, ce rocher a engendré Zao-Gongen, Benzaiten et Jizo bosatsu. La tradition nous dit à ce propos que :

«Sur ce mont En-no-gyoja termina les quarante-deux ascèses et grimpant le rocher, regardant la roche du miroir. Il y vit son visage et comprit que de nombreux étaient les bouddhas qui venaient en ce lieu. Il affirma que cette montagne était celle du passé, du présent et de l’avenir. Et durant trente sept jours, il continua à prier. Au 17ième jour, de cette roche, apparut la déesse Benzaiten. Contemplant son visage angélique, trop jolie pour convertir les êtres dans la période sombre (mappo), il lui demanda de descendre en bas dans la vallée et elle devint la déesse Hamanogawa Benzaiten (la déesse Sarasvati de la voie lactée) du village de Tenkawa. Au 27ième jour, apparut le bodhisattva Jizo. Son visage était jeune et rayonnant de vie. En-no-gyoja lui dit en se fâchant, qu’avec cette apparence, il lui serait difficile de convertir les êtres et il le projeta dans la vallée en direction de Yoshino d’où le Nagé-Jizo ou "Jizo projetté" qui s’y trouve. Au 37ième jour, apparut la triade Dainichi-Sakyamuni-Amida en un seul corps, celui de Zao-Kongo; mais ce dernier jambe levée ne tint pas à rester sur la terre. En-no-gyoja le supplia néanmoins de rester le protecteur de cette montagne (Go-Honzon). Il est appelé Kongo Zao-Gongen ! Il est le symbole de l’unification de Yoshino-Kongokai et Kumano-Taizokai. Cette unité, c’est Dainichi. Pour le bouddha Amida, c’est le mont Ominé car c’est : Ichijo-Bodai, l’Ainsité du satori, La montagne-mère-originelle. Pour Sakyamuni, qui reste le bouddha du passé, c’est « Nyu-gaga-nyu » (je suis l’entrée, j’entre) ; ceci est la porte du Nirvana « Néan-mon ». De tous temps les fidèles qui sont passés par cette porte l’ont reconnu comme importante…. »

 

Waka du Shugen:

« Kono hodo ni inori no kanau koso tsumoréba gyono shirushinarikéri»

(Il suffit d’adresser des prières à cette chapelle pour que les ascèses réussissent)

 

«Nanigotomo inoeaba shojini kana ubéki otokéno wakuo miruni tsukétémo »

(De toutes façon, si vous priez avec l’esprit pur, tous les voeux seront exaucés par le bouddha qui vous regarde)

 

Poème de Saito sensei :

« Orogamédo otokéwa indésu yutsuiwa waga bono no kagé hodorunari »

(Je prie beaucoup le bouddha sur le rocher de l’espace, mais comme celui-ci ne vient pas, toutes les ombres des impuretés se réveillent en dansant)

 

Voici la tradition de ce que dit le temple Kimpusen à propos de la vision d’En-nogyoja sur le mont Sanjo :

«En-no-gyoja pratiquait les ascèses su le mont Sanjo, lorsque soudain une boule de lumière apparue, dansante et auréolée de mille lumières et senteurs merveilleuses. Le bouddha Sakyamuni au visage radieux se montra mais En-no-gyoja lui dit que son enseignement ne pouvait être appliqués car les humains résidaient dans « l’âge sombre » (Mappo) et qu’avec ce visage, on ne pouvait plus aider les fidèles. Il pria encore plus intensément, et c’est le bouddha aux mille mains et bras. Le bodhisattva Senju-kannon qui vint. Priant plus fort encore, ce fût le tour du bodhisattva Miroku-Daihi-Son, le Précieux Saint de compassion Maitreya. Il pria plus encore et la roche se mit à trembler, le ciel se remplit d’éclairs et surgit Kongo Zao. Son visage bleu-noir, à trois yeux, était courroucé. Il avait deux bras armés brandissant le fourreau et le foudre. Il portait la coiffe du foudre à trois pointes (Sanko-Hokkan). Sa main gauche faisant la mudra "Kei-in", maintenu à la hanche, pendant que la droite brandissait au-dessus de sa tête le vajra à trois pointes. La jambe droite reposait fermement sur le rocher, pendant qu’avec la jambe droite armée dans les cieux, s’apprêtant à frapper du talon, il menaçait les démons ! Ceci est la position guerrière pour contenir Akuma, les forces maléfiques du dieu-démon Mara. En-no-gyoja fût rempli d’allégresse à la vue de cette divinité de conversion et fit une statue avec le bois du rhododendron (Shaku-nagé) et construisit une chapelle octogonale qui devint le monastère du mont Sanjo (Sanjo-gataké). »

En passant devant le hall du monastère du mont Sanjo, à gauche avant de franchir la porte principale, se trouvait une petite tour de quelques mètres de haut qui abritaqit une cloche en bronze très célèbre dans le shugendo de l'autel dans le monastère. La première histoire me fût racontée par le moine Saito, qui la reçu lui même par tradition orale de la part d’un Sendatsu lorsqu’il était jeune au début du siècle passé :

« Un ermite itinérant qui voyageait à travers la préfecture de la ville de Shizuoka, aux pieds du mont Fuji, dans le district de Sawa. Au village de Harata, il arriva au temple Chofukuji d’obédience shingon, toujours en activité, dans la péninsule d’Izu. Il demanda l’aumône (osétai). Le responsable supérieur du temple lui fit répondre que tout le monde étant très occupé à fondre une cloche, ils n’avaient pas le temps de lui donner du riz ou des marrons. L’ascète lui répliqua que les dons n’étaient pas forcément de l’argent ou de la nourriture, que le coeur et l’esprit comptaient beaucoup ! Et l’ascète réitéra sa demande. Le supérieur répliqua en rigolant qu’il lui donnerait bien cette cloche, mais il doutait que l’ascète ne puisse la mettre dans sa besace pour l’emporter. L’ascète répondit que les objets lourds ou légers n’existaient que dans l’esprit de celui qui les concevait ainsi. Cela n’est pas important, lui répondit-il puis il le remercia. Il mit ensuite son grand bâton de marche dans l’anneau d’attache de la cloche, chaussa ses grands socques en bois (takkai-gétta), mit le tout sur son dos et s’en alla en faisant des grands bonds. Le prêtre surpris essaya de stopper l’ascète en vain qui s’était déjà envoler pour le mont Sanjo, où il déposa son fardeau à l’emplacement du ‘rocher de la cloche’. »

 

Shugen Kompon Dôjô, Omine Sanji monastery since 1.300 years ago...

Cette seconde histoire est tirée du dictionnaire japonais sur le shugendo (Shugendo-jiten)

« Proche du temple Chofukuji, résidait un pauvre yamabushi au coeur pur. Il croyait en En-no-gyoja et désirait ardemment faire les pratiques dans les monts Ominé. Le chef du temple, un vieux moine lui donna argent et nourriture nécessaires pour qu’il puisse effectuer ses pèlerinages annuels. Au bout de dix ans le vieux moine décéda et fût remplacé par un plus jeune qui n’avait que faire de poursuivre les oeuvres de son prédécesseur. Il dit au Yamabushi que s’il pouvait l’emporter, il lui donnerait bien la cloche de son temple. Le yamabushi très déçu s’en retourna chez lui. Dans la nuit, le yamabushi eût en rêve la vision d’un dieu portant barbe blanche, à l’apparence des anachorètes (Sennin) qui lui dit : « Ne vous inquiétez pas à propos de votre participation pour « l’entrée en montagne » ! Au petit matin, la cloche du Chofukuji avait disparu. Le jeûne responsable du temple et le yamabushi se rendirent ensemble sur le mont Ominé et sur la roche où demeurait la cloche. Le yamabushi put continuer a se rendre dans les monts Ominé et devint un excellent pratiquant ! »

Cette grosse cloche se trouve à présent dans le monatsère du mont Sanjo, à gauche de l'autel au fond...

 
 

La 3ième histoire à propos de la cloche sur le mont Sanjo

«Il y a 900 ans, un yamabushi resta une nuit au temple Chofukuji. Il parla avec le supérieur des Genkurabé (concours de pouvoirs) que faisaient fréquemment les yamabushi lorsqu’ils redescendaient de la montagne. Le yamabushi demanda à l’abbé, s’il pouvait prendre cette cloche de 700 ou 800 kgs au bout de son bâton. L’abbé ne le croyant pas, le mit au défi de le faire. Le yamabushi prit la cloche et s’envola dans les cieux. Apprenant que la cloche se trouvait au sommet du mont Ominé, nombreux sont les gens des villages voisins du Chofukuji à se rendre sur le mont Ominé, bien décider à reprendre la cloche. Mais la pente semblait recouverte d’huile. Ils glissaient et ne pouvant parvenir à la reprendre. Tous repartirent. On dit que ce yamabushi était Enno Gyoja. Ensuite le Chofukuji essaya par trois fois de fondre une cloche sans succès. Lorsqu’il y parvint, il y a 200 ans, le temple fût ravagé par un incendie et la cloche explosa sous la chaleur dégagée lors du sinistre. Ensuite, se rappelant que sa cloche demeurait sur le mont Ominé, le supérieur du temple décida de ne plus avoir de cloche!»

La cloche est symbole de prospérité pour les temples au Japon. Le temple shingon Chofukuji existe toujours dans la préfecture de Shizuoka, petite ville de Kaké-gawa.

Inside Omine Sanji monastery

 

 

A côté, à l'ouest du mont Sanjo, se trouve le mont Inamura-daké, c’est le mont réservé aux femmes, avec des histoires sur la mère d’En-no-gyoja. Le village de Dorogawa y a installé un gîte et des pratiques à faire au sommet, un mini itinéraire ponctué d’exercices internes! Il est tenu depuis des années dans la famille de monsieur Akaï propriètaire du Guest House SUIREIKAN dont le fils MASATO est un jeune peintre en devenir. On accède au mont Sanjo par quatre sentiers,. Celui du nord vient de Yoshino, celui de l’Est vient de la vallée d’Odaigahara, celui du Sud va vers Kumano, mais celui de l’Ouest passe par le Inamura-daké, le mont des femmes. La nuit, lorsque tout le monde dort, il n’est pas rare que des groupes de femmes résolument déterminées empruntes ce chemin nocturne pour venir prier, secrètement, sur le Mont Sanjo, bravant l’interdiction et trouvant les portes closes car les temples sont fermés la nuit au Japon!

 

.../...